« Édouard Vaillant est le grand-père de ma mère qui naquit un mois après sa mort en décembre 1915. De cet arrière grand-père prestigieux qui marqua de son empreinte, à l’instar d’un Jaurès ou d’un Guesde, le socialisme français, je ne saurais presque rien sans le travail considérable de Maurice Dommanget que l’on réédite aujourd’hui. Quelques photos, quelques lettres, sa Légion d’Honneur et sa carte de député du 20^e arrondissement de Paris sont les rares objets qui me restent de lui. Pour le grand public, le nom d’Édouard Vaillant est celui de nombreux boulevards et avenues qui sillonnent les municipalités de gauche. Ce nom dit quelque chose, mais quoi ? Rares sont ceux qui pourraient encore citer quelques-uns de ses combats à l’origine d’acquis sociaux considérables.[...]

Les combats d’Édouard Vaillant ne sont point terminés. Peut-être même sont-ils plus brûlants aujourd’hui qu’il y a vingt ou trente ans. À nous de reprendre le flambeau des grands anciens avant de retomber dans une possible aliénation. Vaillant est l’un de ceux qui nous ont ouvert la voie et surtout de ceux qui n’ont jamais baissé la garde. Les mentalités ont changé, les modes de combat ont évolué, mais la vigilance et la lutte sont toujours d’actualité.

À cet instant, je voudrais remercier post-mortem ce grand historien du mouvement ouvrier que fut Maurice Dommanget [1888-1976]. Sans lui, mon arrière grand-­père ne serait plus qu’un nom sur une plaque de rue. C’est grâce à lui que nous pouvons le redécouvrir un siècle après sa disparition et tirer les leçons d’une vie et d’un combat qui me paraissent exemplaires. »

Élisabeth Badinter