Aphorismes, dialogues, textes courts, lettres réelles ou imaginaires, Le Jardin d’Épicure est un résumé composite, conçu par Anatole France lui-même, de sa vision du monde, empreinte de sagesse et surtout d’une ironie d’une finesse inégalée. Humaniste mais désabusé, sympathisant socialiste mais parfois sombre et pessimiste, ardent dreyfusard — seul académicien à l’être, il entraînera Proust, qui le fréquenta souvent, dans la cause — ce faux dilettante, érudit et adorateur des livres, se révèle aussi dans cet ouvrage un philosophe clair, limpide presque, davantage héritier de Montaigne, Voltaire et Vauvenargues que de Victor Cousin ou Auguste Comte, davantage préoccupé des leçons de la vie que de celles de l’école. Son style alerte, son ironie brillante et sa hauteur de vue n’ont pas pris une ride. Bref, il est temps de redécouvrir Anatole France dont la pensée et l’écriture, si elles ne sont pas celles d’un « moderne », sont sans doute plus actuelles que beaucoup d’autres pour un temps mieux considérés.
« Les vieillards tiennent beaucoup trop à leurs idées. C’est pourquoi les naturels des îles Fidji tuent leurs parents quand ils sont vieux. Ils facilitent ainsi l’évolution, tandis que nous en retardons la marche en faisant des académies. »
« Il ne faut pas tomber dans le travers de ces femmes qui, parce qu’elles sont maigres, veulent passer pour de purs esprits. »
« Dans la nuit où nous sommes tous, le savant se cogne au mur tandis que l’ignorant reste tranquillement au milieu de la chambre. »
« Nous mettons l’infini dans l’amour. Ce n’est pas la faute des femmes. »
« L’humilité, rare chez les doctes, l’est encore plus chez les ignares. »
« Un système comme celui de Kant ou de Hegel ne diffère pas essentiellement de ces réussites par lesquelles les femmes trompent, avec des cartes, l’ennui de vivre. »
« Il serait aussi absurde d’imaginer Pascal écrivant Les Provinciales en caractères cunéiformes, que de croire que le Zeus d’Olympie a été sculpté par un phoque. »
« Il se peut que l’intelligence nous serve un jour à fabriquer un univers. »
« Mourir, c’est accomplir un acte d’une portée incalculable. »
Un volume de 141 pages format 15 cm x 21 cm
avec illustrations noir et blanc et lettrines
Attention ! Cette édition n'est pas un fac-similé (plus ou moins médiocre) d'éditions anciennes. Le texte a été entièrement ressaisi et annoté, l'orthographe et la ponctuation ont été modernisées.