Critique, curieux, disert, bon conférencier, il est élu à l’Académie Française en 1900 (Clémenceau occupera son siège à sa mort). Cet auteur subtil, brillant est clair, enjoué, aimablement réactionnaire mais humaniste, élégant, moralisateur et républicain convaincu. Il écrit aussi un ouvrage intitulé Le Libéralisme qui, à la suite de Benjamin Constant, jette les fondements du libéralisme politique républicain (édité aux éditions Coda). Par ailleurs ses études sur les différents siècles de la littérature française comme ses monographies sur quelques-uns de ses auteurs (Corneille, La Fontaine, Voltaire, Flaubert), écrites avec alacrité, sont encore appréciées.
En 1910 il fait paraître Le Culte de l’incompétence. La Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 stipule dès son article premier que « les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune », ce qui revient à autoriser ces distinctions dès lors qu’elles sont fondées sur l’utilité commune, c’est-à-dire sur la compétence. Dans son livre Émile Faguet brocarde avec érudition et humour l’anonymat administratif et l’égalitarisme primaire liés à une conception sectaire de l’égalité républicaine qui, en contradiction avec le texte fondateur de 1789, permet au citoyen de s’abriter derrière l’État, pérennisant du même coup les pires incompétences, cela au détriment même de « l’utilité commune ».
Le Culte de l’incompétence connaît un succès suffisamment large pour que l’année suivante il poursuive sa diatribe avec un ouvrage intitulé ...Et l’Horreur des Responsabilités, dont le sous-titre est : Pour faire suite au Culte de l’incompétence. Faguet y pointe les travers républicains qui, après deux guerres mondiales, la mondialisation et la bureaucratisation de l’Europe, sont aujourd’hui devenus endémiques. On peut bien entendu ne pas être d’accord avec ce qu’écrit Émile Faguet. Mais il l’écrit bien ; sa lecture est, y compris et surtout pour ceux qui s’opposent à ses vues, des plus stimulantes qui soient par son entrain, sa clarté et sa fréquente pertinence. Ses deux livres sont réunis en un seul volume pour la première fois et réédités après une absence de près d’un siècle.
« Que tout soit égal, cela pour certains esprits est très beau et satisfait leur esthétique particulière ; et pour que tout soit égal, le meilleur moyen est que toutes choses soient la même chose. Une seule pensée dans tout l’État, cela nivelle et égalise admirablement tous les cerveaux et ne permet pas ces différences entre les esprits supérieurs et les esprits moindres, qui sont si désagréables à la vue. Une seule pensée dans tout l’État, cela est l’ordre même puisqu’il est le contraire de l’irrégularité, et par conséquent du désordonné. Une seule pensée dans tout l’État, c’est la fin de l’anarchie et l’anarchie impossible. Il n’y a pas de plus beau spectacle : c’est la Beauce. La Beauce est une perspective admirable. »
Un volume de 172 pages format 15 cm x 21 cm
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